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HENRY DUNBAR

dit-il en montrant d’un geste le constable de Winchester. Je sonnerai pour le dîner.

« Les yeux du garçon s’écarquillèrent en se reportant sur le constable, et je vis comme une crainte vague sur son visage lorsqu’il quitta lentement le salon.

« — Maintenant, dit M. Carter, examinons le paquet. »

« Il repoussa la table du dîner et en couvrit une autre de plus petite dimension. Puis il quitta vivement le salon et revint aussitôt, apportant toutes les serviettes qu’il avait pu trouver dans ma chambre et dans la sienne, qui étaient l’une et l’autre très-voisines du salon. Il étendit les serviettes sur la table et retira du panier le paquet vaseux.

« — Apportez les bougies… les deux bougies, dit-il au constable,

« L’homme posa les deux bougies à la droite de l’agent assis devant la table. Je me mis à gauche, le suivant du regard avec intérêt.

« Il employait pour toucher ces haillons souillés les mêmes précautions que s’il eût touché quelque être vivant. Des insectes aquatiques sortirent des herbes, qui étaient si bien confondues avec le tissu, qu’il n’était guère possible de distinguer l’une de ces choses de l’autre.

« M. Carter avait raison, les rats avaient passé par là. L’enveloppe extérieure du paquet était faite d’un habit de drap mis en lambeaux par les dents aiguës des rats d’eau.

« Dans l’intérieur il y avait un gilet, une cravate de satin qui ressemblait à une éponge, et une chemise qui avait pu être blanche. Dans la chemise blanche, il y avait une chemise de flanelle d’où sortirent une demi-douzaine de grosses pierres. Ces pierres avaient servi à couler le paquet, mais n’a-