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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

annoncé, la soirée précédente, la visite projetée par le banquier au bureau de Saint-Gundolph Lane, et la jeune maîtresse de musique avait à la hâte pris des arrangements pour remettre à plus tard ses leçons habituelles, afin de pouvoir aller dans la Cité voir Dunbar.

— Il n’osera pas refuser de vous voir, — dit Clément, — car il doit savoir qu’un pareil refus éveillerait des soupçons dans l’esprit des assistants.

— Il devait déjà savoir cela à Winchester, et pourtant il ne voulut pas me recevoir, répondit Margaret ; — il devait le savoir aussi quand je me suis présentée inutilement à Portland Place. Il refusera de me voir aujourd’hui si je lui demande une entrevue. Je n’ai qu’une chance, c’est celle de le rencontrer sans qu’il s’y attende. Croyez-vous pouvoir arranger cela pour moi, monsieur Austin ?

Clément promit volontiers d’amener une rencontre fortuite en apparence entre Margaret et Dunbar, et ce fut ainsi que la fille de Wilmot attendit dans le bureau de Saint-Gundolph Lane. Elle était arrivée cinq minutes seulement après que Dunbar fut entré dans la maison de banque, et elle avait attendu très-patiemment, très-résolument, dans l’espoir que, lorsque Dunbar repasserait pour remonter en voiture, elle pourrait saisir cette occasion de lui parler, de voir sa figure, et de découvrir s’il était coupable ou non.

Elle s’attachait à cette idée que quelque expression indéfinissable de la physionomie du banquier révélerait sa culpabilité Où son innocence. Mais elle ne pouvait éloigner d’elle la conviction qu’il était coupable ; quelle autre raison pouvait-il avoir pour l’éviter avec tant de persistance ?

Mais, pour la troisième fois, ses efforts furent déjoués, et elle retourna chez elle très-abattue, hantée par l’image de son père, tandis que Dunbar revenait