Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
HENRY DUNBAR

à l’Hôtel Clarendon dans un cab ordinaire qu’il avait pris dans Cornhill.

Margaret trouva une de ses élèves qui l’attendait dans le joli petit salon du cottage de Clapham, et elle fut obligée de s’asseoir au piano, d’écouter une fantaisie très-mal jouée, et de suivre attentivement les doigts de l’élève pendant une heure environ, avant d’être libre de s’abandonner à ses propres pensées.

Margaret fut très-heureuse quand la leçon fut finie. L’élève était une jeune fille très-vive qui appelait sa maîtresse de musique « ma chère, » et aurait bien voulu perdre une heure à causer avec animation sur la nouvelle mode de chapeaux, le manteau d’hiver porté cette année, ou le roman populaire du mois. Mais la figure pâle de Margaret semblait un appel muet à la compassion, et Mlle Lamberton mit ses gants, arrangea son chapeau devant la glace de la cheminée, et sortit.

Margaret s’assit à la petite table ronde avec un livre ouvert devant elle. Mais elle ne put pas lire, quoique le volume lui eût été prêté par Clément et qu’elle prît un plaisir particulier à lire les livres qui lui avaient plu. Elle ne lut pas, elle demeura seulement assise, les yeux fixes et immobiles, et la figure très-pâle à la faible lueur de deux bougies dont la flamme vacillait au courant d’air de la fenêtre.

Elle fut tirée de sa rêverie par deux coups frappés à la porte au-dessous, et un instant après une petite servante proprette introduisit Austin.

Margaret tressaillit, et fut un peu confuse à l’arrivée de ce visiteur inattendu. C’était la première fois que Clément venait lui rendre visite tout seul. Il s’était souvent présenté chez elle, mais ç’avait toujours été en compagnie de sa mère qu’il avait été reçu chez la jolie maîtresse de musique.

— Je crains de vous déranger, mademoiselle Wilmot, — dit-il.