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HENRY DUNBAR

— Oh ! monsieur, — ajouta-t-elle, — je vous en prie, ne dites pas à mon maître ce que je vous ai dit ; je vous en prie, ne lui dites pas !

Il n’y avait pas de temps à perdre ; et cependant l’agent s’arrêta un instant, réfléchissant à ce qu’il venait d’entendre.

Était-ce la vérité que venait de lui dire la servante, ou bien était-ce une histoire destinée à lui faire suivre une fausse piste ? La terreur que lui inspirait son maître paraissait sincère. Elle pleurait maintenant, et de vraies larmes coulaient sur ses joues pâles et mouillaient le mouchoir qui lui enveloppait le visage.

— Je saurai à la Rose et la Couronne si on est réellement venu chercher une voiture, — pensa l’agent. — Dites à votre maître que j’ai cherché partout et que je n’ai pas trouvé son ami, — dit-il à la jeune fille ; — et ajoutez que je n’ai pas le temps de lui souhaiter le bonjour.

L’agent descendit l’escalier en disant ces mots. La jeune fille l’accompagna sous la porte rustique, et lui indiqua le chemin de la Rose et la Couronne à Lisford.

Il courut tout le long du chemin jusqu’à cette petite auberge, car l’idée que cet homme pût lui échapper le désespérait.

— Avec une avance pareille il peut faire n’importe quoi, — pensait l’agent. — Et cependant il a son infirmité ; tout est contre lui.

À l’auberge, on lui apprit qu’une voiture avait été commandée le matin, à sept heures, par une jeune personne de Woodbine Cottage. La voiture rentrait à l’instant et le conducteur devait être à l’écurie.

Sur la demande de Carter, on appela cet homme ; et par lui l’agent apprit qu’un gentleman, enveloppé jusqu’au nez dans un cache-nez, revêtu d’un pardessus garni de fourrure et paraissant boiter beaucoup, avait été pris par lui à Woodbine Cottage. Le gentleman