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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Oh ! monsieur, — s’écria Betty, — ça n’est pas moi ! C’est mon maître, et il jure tant, si vous saviez, quand il est en colère. Quand les choses ne vont pas à son goût, il grogne poliment d’abord, puis il finit par s’emporter petit à petit et son langage devient de plus en plus violent à mesure qu’il crie plus fort. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse, monsieur ? Je n’ose pas le contrarier. Je préfère être déportée si ça ne fait pas beaucoup de mal.

— Si ça ne fait pas beaucoup de mal ! — s’écria Carter. — Vous ne savez donc pas que tous les trois mois il y a un vaisseau qui part pour la terre de Van Diemen chargé rien que de martinets tressés à l’usage des jeunes femmes condamnées ?

— Oh ! monsieur ! je vais tout vous dire, — s’écria la servante de Vernon ; — plutôt que d’être arrêtée pour parjure, je vais tout vous dire !

— J’y comptais bien, — dit Carter, — mais vous n’avez pas grand’chose à me dire. M. Dunbar est venu ici ce matin, à cheval, entre cinq et six ?

— Il était six heures dix, monsieur, et j’ouvrais les volets.

— C’est cela.

— Et le gentleman est arrivé à cheval, monsieur, et il a pensé s’évanouir à cause de la douleur qu’il ressentait à la jambe, et il m’a dit d’appeler mon maître, et mon maître l’a aidé à descendre de cheval et a conduit le cheval à l’écurie ; puis le gentleman s’est assis et s’est reposé dans le petit salon qui donne sur le derrière, puis on m’a envoyée chercher une voiture, et je suis allée à Lisford, à l’enseigne de la Rose et la Couronne, et j’ai pris une voiture, et avant huit heures le gentleman était parti.

Avant huit heures et il en était alors trois passées. Carter regarda sa montre pendant que la servante faisait sa confession.