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HENRY DUNBAR

fléchissait ainsi. Il sauta dans l’intérieur et se fit conduire à la station de Shorncliffe.

Tout était calme à la station. De quelque temps on n’attendait pas de trains. Il n’y avait pas signe de vie soit dans les bureaux, soit dans les salles d’attente.

Un facteur dormait sur ses crochets sur le quai de départ et une femme solitaire était assise sur un banc près du mur, entourée de ses boîtes et de ses paquets, un parapluie et des socques sur ses genoux.

Sur toute l’étendue du quai, il n’y avait pas trace de Tibbles, autrement dit Sawney Tom.

Carter réveilla le facteur et l’envoya demander au chef de gare si on avait laissé à ses soins une lettre pour M. Henry Carter. Le facteur partit en bâillant, et ne tarda pas à revenir, toujours en bâillant, dire qu’il y avait une lettre, en effet, et si le gentleman voulait bien prendre la peine de passer au bureau du chef de gare pour la réclamer.

La note n’était pas longue, ni encombrée d’une phraséologie cérémonieuse.

« L’homme à l’habit fourré est arrivé à 2 h. 10 m. Pris un billet pour Derby, 1re classe. Moi-même, même destination, 2e classe. — À vos ordres.

« T. T. »

Carter froissa le billet et le mit dans sa poche. Le chef de gare lui donna tous les renseignements nécessaires relatifs aux trains. Il y avait un train pour Derby à sept heures du soir, et pendant les trois heures et demie qui le séparaient de cet instant, Carter avait le loisir de se distraire de son mieux.

— Derby, — se disait-il en lui-même. — Derby ! Mais c’est la route du Nord, cela. Au nom de tout ce qu’il y a de miraculeux au monde, quelle raison a pu lui faire prendre ce chemin-là ?