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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

regard si furtif qu’il passait inaperçu, si plein de dextérité qu’il ne laissait échapper aucun des détails, si petits qu’ils fussent, de l’objet examiné. Carter visita les joailliers, jusqu’à ce qu’il trouvât l’un d’eux qui joignait le prêt sur gage à son commerce plus relevé. Devant la maison de cet homme, Carter s’arrêta, et il pénétra par un petit couloir sombre où les habitants de Hull, pressés par le besoin d’argent, se dissimulaient. Carter visita trois boutiques de prêteurs sur gage, et perdit beaucoup de temps avant de faire aucune découverte qui pût lui être utile. Enfin, à la troisième boutique il se trouva sur la bonne piste. Ses façons avec ces gentlemen étaient très-simples.

— Je suis un agent du service de sûreté de Scotland Yard, — disait-il, — et j’ai un mandat d’amener contre un individu qu’on croit caché à Hull. On sait qu’il possède une grande quantité de diamants non montés, je ne dis pas que ce soient des diamants volés, remarquez bien ; ainsi vous n’avez rien à craindre. Tout ce que je veux savoir, c’est si vous avez vu telle ou telle personne.

— Vous dites que les diamants n’ont pas été volés ? — demanda le troisième prêteur sur gage avec quelque inquiétude.

— Soyez tranquille. Je vois qu’il est venu ici. Je ne veux rien savoir des diamants. Ils lui appartiennent, et ce n’est pas cela que nous cherchons. C’est de lui que je désire savoir des nouvelles. Je vois qu’il est venu ici. Maintenant, la question est-celle-ci : À quelle heure ?

— Il n’y a pas plus d’une demi-heure. Un homme vêtu d’un habit bleu foncé avec un collet de fourrure…

— Oui, et qui boite.

Le prêteur hocha la tête.

— Je ne m’en suis pas aperçu, — dit-il.