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HENRY DUNBAR

côté de l’eau, — dit Carter. — Il se peut que ce voyage à Hull ait été combiné pour nous faire perdre la piste et que notre homme essaye de nous distancer en retournant immédiatement à Londres. Faites bonne garde ici, Sawney, tandis que je m’en vais voir de l’autre côté.

Carter prit une voiture et se fit conduire à une jetée au bout de la ville, d’où un bateau le transporta à travers l’Humber, à la station située sur la rive du fleuve appartenant au comté de Lincoln.

Arrivé là, il prit tous les renseignements relatifs au départ des trains pour Londres, et assista au départ des deux ou trois premiers. Puis, comme le prochain départ ne devait avoir lieu qu’à un intervalle de quelques heures, il repassa l’eau, et se mit à l’œuvre pour retrouver son homme.

Il commença par flâner sur les quais, notant les vaisseaux ancrés dans le port, les gros steamers en destination de Londres, d’Anvers, de Rotterdam et de Hambourg, et les petits bateaux à vapeur qui ne font que de courts voyages sur le fleuve et transportent le dimanche une foule de badauds aux jolis petits villages situés sur le bord de la mer. Il apprit tout ce qu’il était nécessaire qu’il sût sur ces bateaux, leur destination, les heures et les jours de leur départ, et en une demi-heure il fut plus au courant des choses du port qu’un autre homme eût pu l’être en une journée. Il examina le vaisseau en partance pour Copenhague, c’était une coque noire et sombre, bien nommée, le Corbeau, avec un capitaine noir et sombre, couché sur un amas de toiles goudronnées sur le pont et fumant tout en dormant. Carter s’arrêta pour le contempler pendant quelques minutes d’un air pensif.

— Il a l’air d’un mauvais gars, — murmura l’agent en s’en allant, — cette fois Sawney avait raison.

Il rentra dans la ville et se promena, inventoriant de son regard exercé les boutiques des joailliers, de ce