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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Très-bien. En ce cas, puisque nous nous entendons, rien ne me retient plus longtemps ici. Vous tiendrez, jeudi matin, quatre-vingt mille livres de diamants ou environ à ma disposition. En attendant, vous pouvez encaisser ce mandat et vous assurer à qui vous avez affaire. Bonjour.

Il laissa le marchand de diamants stupéfait de son sang-froid, et retourna vers son cab qui l’avait attendu tout le temps.

Il allait y monter lorsqu’une main le toucha légèrement à l’épaule ; et en se retournant brusquement, et avec colère, il reconnut l’individu qui se faisait appeler Major Vernon.

Mais le Major n’était plus du tout l’étranger mal vêtu, qui avait assisté au mariage de Philip et de Laura dans l’église de Lisford. Le Major Vernon, ainsi que le phénix, avait su renaître des cendres de ses habits.

Le collet en poil de chien avait disparu, les bottes éculées avaient été changées contre des bottes Wellington solides et imperméables, le chapeau sans bords avait été remplacé par un magnifique feutre à larges bords recourbés sur les côtés. Le Major Vernon était positivement splendide. Il était aussi enveloppé que jamais ; mais son enveloppe était maintenant brillante, pour ne pas dire voyante ; son gros pardessus épais était d’un vert olive sombre, et le collet, relevé jusqu’à ses oreilles, était garni d’une fourrure brune et luisante qui, aux yeux de la populace confiante, passe pour une imitation de fourrure de Russie.

En dessous de ce collet en fourrure le Major portait un cache-nez façon châle de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, au milieu duquel son nez resplendissait moins que de coutume à cause du contraste très-marqué. Il avait un très-gros cigare à la bouche et une très-grosse canne à la main, et les gens paisibles de la