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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Mon cher Clément, — dit-elle à la fin, — je commence en réalité à être très-inquiète de Margaret. Comment se fait-il que vous l’ayez quittée ?

Clément ne répondit pas à cette question, mais il se leva et prit son chapeau posé sur un buffet près de la porte.

— Je suis aussi fort inquiet de son absence, ma mère, — dit-il. — Je vais aller à sa rencontre.

Il allait quitter la chambre lorsque sa mère le rappela.

— Clément ! — s’écria-t-elle, — vous n’allez pas sortir sans votre paletot, par une soirée aussi froide que celle-ci ?

Mais Austin ne s’arrêta pas pour entendre les remontrances de sa mère ; il se précipita dans le corridor extérieur, et referma la porte derrière lui. Il avait besoin de s’éloigner et de courir à la recherche de Margaret, bien qu’il ne sût ni comment ni de quel côté commencer ses recherches. L’attente lui était devenue complètement insupportable. Il lui était absolument impossible de rester calme auprès du feu, attendant la venue de celle qu’il aimait.

Il marchait vivement à travers le corridor, mais il s’arrêta subitement : une tournure bien connue apparaissait sur le large palier au haut de l’escalier. Il y avait un vestibule au bout du corridor, et une lampe y était accrochée. À la lueur de cette lampe, Clément vit Margaret qui s’avançait lentement vers lui, comme par un pénible effort, et prête à se laisser tomber sur le tapis, à bout de forces et d’énergie.

Clément vola au-devant d’elle, son visage rayonnait de cette joie intense qu’un homme éprouve quand son esprit est soudainement soulagé de quelque crainte insupportable.

— Margaret ! — s’écria-t-il ; — que Dieu soit loué, vous voilà revenue ! Oh ! ma bien-aimée, si vous pou-