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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Clément la suivit, mais elle ouvrit une porte au bout du corridor, et entra dans la chambre de Mme Austin. Le caissier entendit la clef tourner vivement dans la serrure, et il comprit que Margaret s’était enfermée. La chambre à coucher de la jeune fille donnait dans celle de Mme Austin.

Clément resta pendant quelques instants comme stupéfié par ce qui venait de se passer. Avait-il eu tort de favoriser cette entrevue entre Margaret et Dunbar ? Il commença à croire qu’il avait été très-coupable. Cette sensible et impétueuse jeune fille avait vu l’assassin de son père, et l’horreur de cette rencontre, trop forte pour cette nature impressionnable, avait produit, quant à présent du moins, un terrible effet sur son cerveau surexcité.

— Il faut que j’en réfère à ma mère, — pensa Clément. — Elle seule peut m’aider dans cette affaire.

Il retourna en toute hâte vers le salon, où il trouva sa mère qui suivait encore de l’œil les rapides mouvements de ses aiguilles à crochet. Le Grand-Cerf était une maison bien bâtie, solide et d’une architecture ancienne, et les curieux qui écoutaient dans les étroits corridors avaient peu de chance de trouver la récompense de leur peine, à moins de rencontrer un trou de serrure bienveillant.

Mme Austin leva les yeux avec surprise quand son fils rentra dans la chambre.

— Je croyais que vous étiez allé chercher Margaret ? — lui dit-elle.

— Je n’ai pas eu besoin de le faire, ma mère, elle était revenue.

— Que le ciel en soit loué ! J’étais tout à fait troublée par cette étrange absence.

— Et moi aussi, ma mère ; mais je suis encore plus ému par ses façons, maintenant qu’elle est revenue. Mère, je vous ai demandé jusqu’à présent d’avoir con-