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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

becca Haygarth, femme d’un nommé Matthieu Haygarth.

« Il reste à découvrir le lien de parenté entre ce Matthieu et l’ab intestat.

« Il doit être évidemment l’un des anneaux sérieux de la chaîne, sans quoi votre frère ne chercherait pas à se procurer ces lettres.

« Je ne veux pas vous fatiguer avec les détails de notre conversation. En gros, elle se résume à ceci : M. Goodge avait pris l’engagement de livrer les lettres de Mme Haygarth, au nombre de quarante ou environ, à Haukehurst ; coût vingt livres sterling.

« Elles seraient déjà entre les mains de Haukehurst si M. Goodge ne se fût refusé à s’en séparer autrement qu’en échange de la somme.

« Avec vingt livres, je l’ai amené à me laisser lire toutes les lettres et à m’en laisser prendre dix à mon choix.

« Ce ne fut pas sans discussion que j’arrivai à conclure ce marché, mais il me parut certainement avantageux.

« J’ouvris le paquet çà et là, et restai, jusqu’à six heures du matin, assis dans le parloir de M. Goodge à lire les lettres de Mme Haygarth ; une très-fatigante occupation pour un homme de mon âge.

« L’hospitalité de M. Goodge s’est bornée à une tasse de café, et quel café !

« Je me rappelle le moka que j’avais l’habitude de prendre chez Arthur, il y a trente ans, un breuvage de Prométhée qui illuminait la plus sombre tabagie d’un éclair d’esprit ou d’un rayon d’inspiration.

« Je vous envoie, ci-joint, les dix lettres que j’ai choisies.