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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

ceux qui déclarent s’en rapporter à votre générosité ; mais comme j’avais besoin d’être bien servi, j’étais disposé à bien payer.

« Le jeune décrotteur ne tarda pas à se présenter : un jeune garçon assez éveillé.

« J’en fis immédiatement mon esclave moyennant la promesse de cinq shillings par jour.

« Je lui dis que j’avais le malheur d’avouer pour mon neveu, avec une forte inclination à le désavouer, un mauvais sujet qui se trouvait actuellement dans la ville même.

« Ce neveu, j’avais tout lieu de le croire, était dans une très-mauvaise voie, mais mes sentiments d’affection pour lui ne me permettaient pas de le laisser se perdre sans faire un dernier effort pour le sauver.

« C’est pourquoi je l’avais suivi à Ullerton, où je le croyais amené par les plus tristes intentions et avais besoin en conséquence de me tenir informé de tout ce qu’il ferait.

« Voyant que le jeune décrotteur acceptait cette explication avec une parfaite crédulité, je m’informai s’il se sentait capable de remplir la délicate fonction de se tenir aux aguets, à proximité de l’hôtel du Cygne Noir, ayant l’œil sur la porte de sortie de cet hôtel, dans le but de suivre mon mécréant de neveu partout où il pourrait aller, fût-ce au diable, au delà d’Ullerton.

« Je vis que l’intelligence du jeune garçon serait à la hauteur de la mission, si quelque difficulté imprévue, telle qu’un soupçon de la part de Haukehurst ou autre empêchement ne venait pas y faire obstacle.

« — Pensez-vous que vous puissiez surveiller sans être aperçu ? lui demandai-je.