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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

CHAPITRE III

TROP HABILE POUR UN ROUÉ

Paget revint à Londres, fort surpris de cet appel soudain de son patron et très-désireux de savoir quel nouvel aspect les choses avaient pu prendre pour que son séjour à Ullerton devînt brusquement inutile.

Horatio arriva dans la grande ville une demi-douzaine d’heures avant son ex-protégé : il était très-confortablement installé lorsque Valentin revint au logis.

Le capitaine avait été à la Cité pour voir Sheldon le jour même de son retour, mais il n’avait pu réussir à rencontrer l’agent de change.

La poste du soir lui apporta une lettre de Philippe, qui lui indiquait un rendez-vous à Bayswater pour le lendemain, à trois heures, c’est-à-dire le lendemain du jour où Valentin était revenu d’Ullerton.

Paget se présenta à l’heure exacte à La Pelouse : il fut introduit dans le cabinet de Sheldon, où il trouva ce gentleman grave et pensif, mais néanmoins cordial dans l’accueil qu’il fit au voyageur.

« Asseyez-vous, mon cher Paget, je suis enchanté de vous voir. Votre petit voyage vous a rajeuni de cinq ans, sur ma parole. J’ai été fâché d’apprendre que vous soyez venu sans me rencontrer et que vous m’ayez attendu plus d’une heure, hier. J’ai en ce moment, sur les épaules, passablement d’embarras… on n’a que des