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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

embarras dans les affaires, vous savez. Le marquis de Lambeth est apparu sur le marché et a acheté les deux tiers des obligations de l’Emprunt turc, juste au moment où notre maison avait spéculé sur la baisse. Dès que l’on a eu vent du jeu du marquis, les obligations ont monté comme une chandelle romaine. Voilà la vie. J’ai pensé que nous serions plus à notre aise pour causer ici ; on y est plus tranquillement que dans la Cité. Voulez-vous accepter un verre de sherry, avec un manille, je sais que vous aimez les miens ? »

Et l’hospitalier Philippe tira la sonnette sans attendre la réponse de son hôte.

Cette cordialité, cette amabilité conciliante de l’agent de change ne plurent pas à Horatio.

« Il est deux fois trop poli, se dit-il à lui-même, il veut me refaire.

— Maintenant, parlons de cette affaire d’Ullerton, commença Sheldon, lorsque le vin et les cigares furent apportés et qu’il eut rempli un grand verre pour le capitaine ; vous avez réellement très-bien mené les choses. Je ne puis trop faire l’éloge de vos talents diplomatiques ; vous auriez fait rougir de dépit ce… comment s’appelait-il donc déjà… ce conseiller de Napoléon… par l’excellence de votre conduite en cette affaire. Mais malheureusement tout cela n’a abouti à rien. Du commencement à la fin ce n’a été qu’une déception. C’est une de ces oies sauvages auxquelles mon frère George fait la chasse depuis dix ans et qui ne lui ont jamais rien rapporté ni à lui, ni à aucun autre. Je serais plus qu’insensé si je m’occupais plus longtemps d’une semblable folie !

— Hum ! commença le capitaine, il y a du changement !