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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

que la grand’tante Susan fût morte sans laisser d’enfants légitimes.

Là était la seule chance qui, aux yeux de l’aventureux Paget, parut valoir la peine de se donner l’embarras d’une recherche.

Quatorze années de la vie de Susan s’étaient écoulées loin de tous ceux qui l’avaient connue ; il était certainement possible qu’elle eût, dans cet espace de temps, conclu quelque alliance légitime.

Tel fut le problème que Horatio se promit de résoudre.

Nul n’est plus disposé à l’espérance qu’un aventurier. Sir Walter Raleigh rêvait d’or et de gloire là où de sages hommes d’État ne voyaient que folies et déceptions.

Le capitaine jugea que ces quatorze années obscures de la vie de Susan devaient être les mines de Golconde.

Il ne se tint pas cependant pour satisfait avec les renseignements fournis par la lettre de Diana.

« J’aurai l’histoire de ces Meynell de première main aussi bien que je l’ai eue de seconde main, » se dit-il.

Et il ne perdit pas de temps pour retourner à la villa, cette fois sous le prétexte de rendre visite à Mme Sheldon.

Le capitaine avait toujours été en faveur près de Mme Sheldon ; ses petites histoires du grand monde, le Prince et Perdita, Brummel et Sheridan, bien que fort peu nouvelles pour tous ceux qui connaissaient cette brillante période de l’histoire d’Angleterre, étaient trouvées charmantes par Georgy.

Les compliments fleuris du capitaine lui plaisaient, et le contraste entre les façons cérémonieuses de ce gentleman avec le ton bref et cassant de son époux, était tout à l’avantage du capitaine.