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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Hélas ! la pauvre Diana avait suivi et observé son père.

Elle ne s’exagéra donc pas la portée des paroles qu’il venait de lui faire entendre ; mais elle fut contente de le voir en bonnes dispositions.

Le capitaine contemplait Diana avec admiration : elle s’était accroupie près de son fauteuil et il aplanissait d’une main caressante les boucles éparses de ses cheveux noirs tout en considérant sa sérieuse, sa douce, sa fière figure.

« Vous êtes une très-belle fille, Diana, murmura-t-il en se parlant à lui-même autant qu’à sa fille. Oui, très-belle. Vraiment, je n’avais pas d’idée à quel point vous êtes belle !

— Qu’est-ce qui a pu vous mettre une pareille idée en tête ce soir, papa ? demanda Diana en riant. Je ne crois pas à la bonne mine que vous avez la bonté de m’attribuer. Lorsque je me regarde dans une glace, je n’aperçois qu’un pâle et triste visage, qui est loin d’être agréable à voir.

— C’est que vous êtes sans doute mal disposée lorsque vous vous regardez dans la glace. J’espère que vous n’êtes pas malheureuse à Bayswater ?

— Pourquoi y serais-je malheureuse, papa ? Une sœur ne saurait être meilleure et plus aimante que Charlotte l’est pour moi. Je serais bien ingrate envers la Providence et envers elle-même si je n’appréciais pas comme elle le mérite une pareille affection. Combien de pauvres filles comme moi ne trouvent pas dans toute leur vie une semblable sœur ?

— Oui, vous avez raison, ma chère. Ces Sheldon vous ont été très-utiles. Ce n’est peut-être pas le genre de personnes avec lesquelles j’aurais désiré que ma fille