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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

châles jusqu’au bout du nez, j’ai arrangé tout cela moi-même. Il avait l’air d’un ambassadeur de toutes les Russies.

— Que vous êtes bon d’avoir pris cette peine, dit Diana avec reconnaissance.

— Et dites-moi pourquoi je ne l’aurais pas fait. Croyez-vous que ce ne soit pas un plaisir pour moi de prendre soin de votre père… à cause de vous ? »

Cela devenait embarrassant.

Diana ôta son chapeau et son pardessus qu’elle plia et déposa avec soin sur le sofa de crin, après quoi elle alla s’asseoir auprès de la fenêtre pour regarder dans la rue, paraissant prendre un grand intérêt aux faits et gestes de l’allumeur de réverbères.

« Quel admirable moyen on emploie maintenant pour allumer les réverbères, fit-elle remarquer avec le brio que peut donner à la conversation la situation dans laquelle elle se trouvait ; combien cela doit être plus commode que l’ancienne méthode, avec une échelle, vous savez.

— Oui, je n’en doute pas, dit Gustave en faisant deux pas pour se rapprocher d’elle et s’asseyant résolument sur une chaise à son côté ; mais ne pensez-vous pas que, comme je pars demain pour retourner en Normandie, nous pourrions parler de choses plus intéressantes que l’allumeur de réverbères, Mlle Paget ?

— Je suis prête à parler de tout ce que vous voudrez, répliqua Diana avec cette charmante apparence d’insouciance que savent prendre les femmes en pareille occasion.

— Vous êtes bien bonne. Savez-vous que lorsque, j’ai persuadé à votre père que l’air du dehors lui ferait du bien, j’étais poussé par un égoïsme vraiment diabo-