Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

veniez m’exprimer vos grands sentiments du devoir ; en me promettant une demeure dans l’avenir, si je veux attendre et espérer. Non, Diana, l’espérance est morte pour moi et je n’ai pas besoin de votre aide pour trouver un lit dans la rivière.

— Vous ne ferez pas une si horrible chose ? s’écria Diana effrayée.

— Je ne sais pas si cela est horrible, mais n’en doutez pas, lorsque j’aurai à choisir entre l’hôpital et la rivière, c’est la rivière que je choisirai. »

Cela fut suivi d’un silence de quelques minutes, pendant lequel Diana demeura debout, les coudes appuyés sur le manteau de la cheminée, la figure cachée dans ses deux mains.

« Oh ! Seigneur, enseignez-moi quel est mon devoir ? s’écria-t-elle ; puis tout à coup : « Que voulez-vous que je fasse ? demanda-t-elle.

— Ce que toute personne non dépourvue de raison ferait d’elle-même. Que vous acceptiez la chance qui s’offre à vous. Croyez-vous qu’une pareille bonne fortune daigne se présenter tous les jours ?

— Vous voulez que j’accepte l’offre de Gustave, quelque mensonge que je puisse commettre en l’acceptant ?

— Je ne vois pas qu’il puisse y avoir là aucun mensonge. Il faudrait être folle pour ne pas apprécier un pareil homme. Il faudrait être folle pour ne pas accepter un tel bonheur.

— Très-bien, papa, s’écria Diana avec un rire qui n’avait rien d’agréable. Je ne veux pas être une exception. Si M. Lenoble me fait l’honneur de renouveler son offre… et sa conduite me fait présumer qu’il a l’intention de le faire… je l’accepterai.