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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

vous et Mlle Paget, ne sauraient être trop attentives à leurs pas et démarches. Quand vous avez besoin d’air et d’exercice, vous pouvez trouver l’un et l’autre dans le jardin de la maison, et quand vous voudrez changer de place et jeter un coup d’œil sur les badauds à la mode, vous pourrez aller faire une promenade en voiture avec Mme Sheldon. »

Charlotte se soumit à contre-cœur, mais sans rébellion ouverte : elle trouvait son beau-père ridicule et déraisonnable, mais elle gardait toujours dans son cœur l’idée qu’il avait été bon pour elle et elle était heureuse de lui prouver ainsi sa gratitude.

Son fiancé n’avait-il pas la permission de passer le dimanche avec elle et de venir la voir quand il le voulait pendant la semaine ?

Et qu’était-ce que ces promenades dans les jardins de Kensington, comparées à sa chère présence ?

Il est vrai qu’il lui arrivait quelquefois d’être favorisée de la compagnie de Valentin pendant sa promenade, mais elle savait qu’il sacrifiait pour cela ses heures de travail, et elle sentait qu’il y avait quelque chose à gagner pour lui, dans la perte de sa liberté.

Elle lui dit, la première fois qu’ils se trouvèrent ensemble, que ses promenades du matin étaient interdites, et l’amour est une passion si jalouse, que Haukehurst ne fut aucunement fâché de voir que son idole était si strictement surveillée et si soigneusement gardée.

« Oui, il est certain que M. Sheldon semble un peu ridicule, dit-il, mais au fond, je pense qu’il a raison. Une jeune fille telle que vous ne doit pas sortir sans une meilleure protection que celle que Diana peut vous donner. Les jeunes gens ne se gênent pas pour regarder en face une jolie fille, vous le savez, et je ne puis