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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

supporter l’idée que mon idole soit ainsi dévisagée par l’insolence des premiers venus. »

Néanmoins Haukehurst ne trouva pas les idées étroites de son futur beau-père si agréables, quand l’envie lui prenait de conduire son idole aux expositions de peinture pendant l’hiver.

Il lui fut répondu que Mlle Halliday ne devait aller nulle part sans être accompagnée de sa maman, et comme Georgy se souciait fort peu de la peinture et ne se sentait pas de force à soutenir la fatigue que donnent les expositions, il fut obligé de renoncer au plaisir de s’y promener avec sa Charlotte à son bras.

Il déclara alors que Sheldon était un idiot à l’esprit borné, mais il retira l’expression, d’un air contrit, quand Charlotte lui rappela sa générosité.

« Oui, chère, il a été certainement très-bon et très-désintéressé, plus désintéressé même que vous ne le pensez, et plus que je ne puis me l’expliquer moi-même. »

Mlle Halliday avait bien fait de se soumettre de si bonne grâce à ces nouvelles restrictions apportées à sa liberté, car Sheldon avait pris des mesures pour le cas où il aurait rencontré une opposition offensive.

Il avait donné ses ordres à sa femme et des instructions encore plus sévères à Nancy pour que sa belle-fille ne sortît pas sans être accompagnée par sa mère ou par lui.

« C’est une très-bonne fille, voyez-vous, Nancy, dit-il à la vieille gouvernante, mais elle est jeune et étourdie, et comme de raison, je ne me porte pas caution pour Mlle Paget, qui peut être ou ne pas être aussi une bonne fille. Elle sort d’une mauvaise source, et je dois me le rappeler. Il y a des gens qui pensent que l’on ne peut