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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

sa nature, ne lui rendait pas l’idée d’un rival tout à fait désagréable ; il était heureux de sa victoire et de la défaite de son indigne rival.

« Diana, je voudrais te montrer la demeure qui doit être la tienne, dit-il. La famille Sheldon t’accordera tout au moins un congé, si elle ne veut pas te laisser partir définitivement. Tu viendras en Normandie avec ton père. Je veux te montrer Cotenoir et Beaubocage, la demeure où mon père est né. Cette habitation te semblera triste peut-être avec tes idées anglaises ; mais elle m’est très-chère.

— Rien de ce qui vous est cher ne peut me paraître triste, » dit Diana.

Ils étaient alors arrivés.

Une seconde fois Mlle Paget prépara le thé pour son adorateur. Chose étrange à dire, l’opération semblait lui devenir plus douce en se répétant.

En acceptant la tasse de thé de la main de sa bien-aimée, Gustave insista sur la question de la visite de Diana en Normandie.

« Au sujet de la famille Sheldon, elle est inattaquable, dit Gustave au capitaine, qui savourait sa tasse de thé et souriait aux amoureux avec l’air d’un patriarche aristocrate. Il ne peut pas être question de mariage avant qu’il plaise à Mme Sheldon de lui rendre sa liberté. Je ne consens à cela que comme un homme doit consentir à ce qui est inévitable, mais je le lui dis, ne peut-elle pas venir en Normandie une quinzaine, rien qu’une quinzaine, pour voir sa future demeure ? Elle viendra avec vous. Elle n’a qu’à demander un congé à ses amis et cela sera fait.

— Bien entendu, s’écria le capitaine, elle viendra avec moi. Si cela est nécessaire, je le demanderai moi-