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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

m’entraîne dans une affaire douteuse, croyez-le, ma bien-aimée. »

Sur ce, ils reprirent le chemin de la maison du capitaine, et Diana aimait et admirait Gustave de tout son cœur. Une nouvelle vie s’ouvrait devant elle, pure et brillante. Là où il n’y avait eu pour elle qu’un désert aride, apparaissait maintenant un beau paysage éclairé par les rayons de l’espérance.

« Pensez-vous que vos enfants m’aimeront jamais, Gustave ? » demanda-t-elle non sans un léger sentiment d’étonnement à la pensée que cet amoureux si exalté et si jeune de cœur pût avoir des enfants.

Elle s’imaginait que la responsabilité si lourde de la paternité devait rendre grave, austère.

« S’ils t’aimeront, toi ! s’écria Gustave. Enfant… mais ils t’adoreront. Ils ne demandent qu’à avoir quelqu’un à aimer. Leurs cœurs sont des jardins remplis de fleurs, et tu n’auras qu’à les cueillir. Mais seras-tu heureuse à Cotenoir, toi ? Il est un peu triste, le vieux château, avec ses longs et sombres corridors. Mais tu choisiras de nouveaux meubles à Rouen, et nous ferons que tout soit gai, joyeux, comme le cœur de ton fiancé. Tu ne t’ennuieras pas ?

— M’ennuyer avec vous et les vôtres ! Je remercierai Dieu nuit et jour de m’avoir donné cette heureuse demeure, comme je ne pensais pas pouvoir jamais le remercier il y a quelques mois, quand j’étais triste, lasse, et fatiguée de la vie qui semblait devoir être toujours la mienne.

— Et quand vous pensiez à cet autre ? Ah ! quel imbécile il a été, cet autre ! Mais vous ne penserez plus jamais à lui ; c’est un rêve du passé, » dit Lenoble.

Cette confiance en lui-même qui était un attribut de