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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

George avait été le vaincu dans cette partie dont l’héritage Haygarth était l’enjeu ; il avait eu de belles cartes et les avait jouées avec une réelle habileté ; maie rien n’avait pu résister à l’as d’atout que son adversaire avait dans son jeu.

L’as d’atout était Charlotte et dans sa façon de jouer Sheldon était pour le présent profondément mystérieux.

« J’ai connu bien des cartes difficiles à deviner dans mon temps, disait le solicitor de Gray’s Inn à son frère aîné dans une conversation fraternelle ; mais je crois que vous avez mis la main sur la plus indéchiffrable de toutes. Qu’espérez-vous tirer de cette succession Haygarth ? Allons, Philippe, dites votre chiffre franchement.

— Je dois avoir un cinquième ; c’est signé et paraphé.

— Mais de combien sera votre part ? Quel arrangement avez-vous fait avec Mlle Halliday ?

— Aucun.

— Aucun ?

— Que penserait-on si j’extorquais de l’argent ou une promesse d’argent à la fille de ma femme ? Croyez-vous que je pourrais arriver à faire un acte valable entre elle et moi ?

— À ce que je vois, vous voulez entrer dans les voies honorables, et vous voulez laisser le soin de régler vos droits à la générosité de votre belle-fille. Vous allez lui laisser épouser Haukehurst avec ses cent mille livres, et alors vous leur direz à tous deux : Monsieur et madame Haukehurst, soyez assez bons pour me compter ma part du butin. Cela ne ressemble pas du tout à votre manière de faire, Philippe.

— Peut-être serez-vous assez bon pour vous épargner la peine de vous livrer à des théories sur les motifs qui