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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

me font agir. Suivez votre voie et laissez-moi suivre la mienne.

— Mais ceci est une affaire où j’ai un intérêt. Si Charlotte épouse Haukehurst, je ne vois pas quel profit pourrait vous revenir sur la succession Haygarth ; mais, d’un autre côté, si elle mourait sans s’être mariée et sans avoir testé, l’argent reviendrait à votre femme, Oh ! mon Dieu ! Philippe, est-ce à cet événement que vous songeriez ? »

La question fut si soudaine, le ton d’horreur avec lequel elle avait été faite fut si peu déguisé, que Sheldon fut pendant un moment décontenancé.

Sa respiration devint plus rapide, il essaya de parler, mais pas un mot ne sortit de ses lèvres desséchées.

Mais cela ne dura qu’un moment.

Il se retourna brusquement vers son frère et lui demanda avec colère ce qu’il voulait dire.

« Vous avez la promesse de votre récompense. Laissez-moi le soin de veiller sur la mienne. Vous porterez ces actes chez Greenwood et Greenwood, ils désirent vous parler à leur sujet. »

Greenwood et Greenwood étaient les solicitors de Sheldon, une maison de quelque distinction et dans le savoir et l’expérience de laquelle le spéculateur avait une confiance absolue.

C’étaient des hommes d’une honorabilité intacte et c’est à eux que Sheldon avait confié les intérêts de sa belle-fille, en s’en réservant toujours la direction en chef.

Ces messieurs avaient la meilleure opinion des droits de la jeune fille et ils menaient l’affaire avec la sage lenteur qu’apportent en pareil cas les maisons de premier ordre.