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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

les favoris de M. Sheldon. Et je me suis presque fâchée contre papa, qui faisait toujours des remarques railleuses et appelait ces favoris des côtelettes ; mais c’est qu’ils avaient tellement la forme de côtelettes à cette époque… il ne les porte plus ainsi maintenant. »

Mme Sheldon fit une diversion sur la question des favoris, et Diana échappa à la nécessité de décrire son adorateur.

Elle n’aurait jamais pu le dépeindre à Georgy.

Aussitôt qu’elle put reprendre la parole, elle demanda la permission de quitter Bayswater pour aller voir le domaine et la famille de son prétendu.

« Je reviendrai et je resterai auprès de vous aussi longtemps que vous le voudrez, ma chère madame Sheldon, et je vous ferai autant de bonnets que cela vous fera plaisir. Et d’ailleurs je continuerai à vous en faire quand j’habiterai à l’étranger et je vous les enverrai. Ce me sera un bien grand plaisir de pouvoir être de quelque utilité pour une amie qui a été si bonne pour moi. Et peut-être vous imaginerez-vous que les bonnets seront plus jolis, quand vous pourrez dire qu’ils viennent de France.

— Bonne et généreuse enfant ! Et vous n’allez pas partir pour une quinzaine et ne plus revenir, n’est-ce pas, ma chère ? J’ai eu un cuisinier qui m’a fait cela et qui m’a laissée avec un grand dîner sur les bras. Comment m’en suis-je tirée, avec un cuisinier étranger que je payais une guinée et qui employait du beurre à trois shillings la livre comme si c’eût été de la farine, et deux marmitons pour lui servir d’aides !… je n’en sais vraiment rien. Tout cela m’a semblé un rêve. Aussi depuis nous avons tout fait venir de chez le marchand de comestibles et je vous assure qu’en faisant ainsi, vous