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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

ce qu’il y avait de sublime dans de telles découvertes ; elle n’y voyait qu’une sèche relation d’insignifiantes fouilles dans les sables du désert pour retrouver les traces des empires disparus.

Mlle Halliday releva la tête avec un soupir de fatigue quand son beau-père entra au salon.

Ce n’était pas une pièce qu’il affectionnait particulièrement et elle fut surprise de le voir dans un fauteuil en face d’elle tisonnant le feu comme s’il avait l’intention de prolonger son séjour.

« Vous ne devriez pas lire à la lumière des lampes, ma chère, dit-il, c’est très-mauvais pour la vue.

— Je crois bien que ma vue durera autant que moi, papa, répondit avec insouciance la jeune fille, mais vous êtes bien bon d’avoir cette pensée, et je ne lirai pas davantage. »

Sheldon ne répliqua rien.

Il s’assit en regardant le feu avec cette fixité de regard qui lui était habituelle, le regard de l’homme qui songe et qui calcule.

« Ma chère, dit-il après un temps de silence, il paraît que cette fortune à laquelle vous pouvez avoir des droits bien ou mal fondés, est plus importante que nous ne le pensions d’abord ; en fait, la somme dont il s’agit est considérable. J’ai été et je suis encore particulièrement désireux de vous tenir en garde contre un désappointement, car je sais l’effet que de semblables déceptions peuvent produire sur la vie d’une personne. Les insupportables lenteurs de la procédure devant la Cour de la Chancellerie sont proverbiales, et c’est pourquoi je désire avant tout que vous ne comptiez pas sur cet argent.

— Ce sont des idées que je n’aurai jamais, papa.