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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

assurances sur la vie. Je pense toujours à papa… à mon pauvre papa que j’aimais si tendrement. Il semblait avoir mis à prix sa vie pour nous. Il était si anxieux d’assurer sa vie… Je me rappelle lui avoir entendu parler de cela à Hiley, quand j’étais enfant…, de tout régulariser, comme il disait, dans notre intérêt…, et, vous le savez, bientôt après il est mort.

— Mais, vous ne pouvez pas supposer que cette assurance ait été pour rien dans sa mort ?

— Naturellement non, je ne suis pas aussi enfant que cela ; seulement…

— Seulement, vous avez un préjugé insensé et ridicule contre le seul moyen que vous ayez de mettre votre mère à l’abri d’une éventualité si peu probable qu’elle mérite à peine qu’on y pense. Passez-vous ce caprice. »

Il y avait plus d’irritation dans le ton que dans les expressions mêmes.

Ce ne fut pas ce ton courroucé, mais la mention de l’intérêt de sa mère qui fit impression sur Mlle Halliday : elle commença à considérer son refus comme déraisonnable et égoïste.

« Si vous pensez réellement que je doive assurer ma vie, je le ferai, dit-elle alors ; papa l’a fait pour ceux qu’il aimait, pourquoi aurais-je moins de souci de l’intérêt des autres ? »

Une fois Mlle Halliday amenée à cet ordre d’idées, le reste était aisé.

Il fut convenu entre eux que comme Valentin devait être tenu dans l’ignorance des droits de sa fiancée à une certaine fortune dont on préparait la réclamation devant la Cour de la Chancellerie, on le tiendrait également dans l’ignorance de l’assurance préméditée.

Ce n’était qu’un mystère de plus, et Charlotte avait