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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Le père et le fils avaient eu quelquefois des discussions politiques, mais amicales, à ce sujet.

Gustave aimait ses parents comme un Français seul peut aimer son père et sa mère, avec un dévouement pour le premier qui approchait presque de l’enthousiasme, avec une tendresse pour sa mère qui avait quelque chose de chevaleresque, était d’un autre âge.

Il y avait une sœur par laquelle son frère Gustave était regardé comme un modèle de perfection.

Il y avait encore un couple de vieux domestiques, un très-stupide et très-lourd garçon d’écurie, et une demi-douzaine de chiens de races croisées, nés et élevés à la maison, qui tous semblaient partager les opinions de leur jeune maîtresse.

Il n’y eut pas de discussions au sujet de la future carrière de Gustave, et ce ne fut pas sans difficulté que le père fut amené à approuver le choix que le jeune homme avait fait lui-même d’une profession.

Le seigneur de Beaubocage avait conservé un extrême orgueil de race, peu soupçonné par ceux qui étaient témoins de la simplicité de sa vie et que séduisait la bonté naturelle de ses manières.

À une époque reculée, presque fabuleuse de l’histoire, la maison Lenoble s’était distinguée de diverses façons, et ces grandeurs passées, vagues et fantastiques dans l’esprit de tous les autres, étaient demeurées très-réelles, très-vivantes dans l’esprit de M. Lenoble.

Il assurait à son fils que jamais un Lenoble n’avait été avocat. Tous avaient été constamment seigneurs du sol, vivant sur leurs propres terres, lesquelles occupaient autrefois un vaste espace de la province, fait attesté par certaines cartes en la possession de M. Lenoble, cartes dont le papier était usé et jauni