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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

CHAPITRE III

GUSTAVE II

Le petit Gustave ne fit que croître et embellir.

Peu d’enfants ont la chance d’être entourés d’autant d’affection, bien que, pour un grand nombre, le printemps de la vie soit fertile en boutons de tendresse.

Son existence semblait vouée au bonheur.

Il avait apporté l’espérance, une sorte d’expiation, et les plus douces distractions dans la paisible famille de Beaubocage, et à mesure qu’il grandissait, passait de l’enfance à la jeunesse, de la jeunesse à l’âge viril, il sembla au ménage que le premier Gustave ne leur eût jamais été enlevé.

La fable orphéique de Zagrée se reproduit souvent dans les familles : un objet d’affection perdu est remplacé par un autre, et il vient un moment où il est presque difficile d’établir une distinction entre l’image de la personne absente et celle du cher remplaçant.

Lenoble et sa femme jouirent d’une verte vieillesse, l’affection de leur petit-fils rendit douce pour eux la coupe de la vie jusqu’à complet épuisement.

Il est heureusement des natures que les excès de la bonté ne sauraient gâter, des fleurs luxuriantes qui acquièrent la force et la splendeur, sous l’influence de cette chaleur tropicale d’affection.

Gustave Deux possédait toutes les nobles qualités de Gustave Premier : franc, généreux, brave, constant,