Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
93
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

le chercheur d’or, et de même qu’il est des instants où sa pioche frappe tout à coup sur un riche filon, il est de pénibles intervalles pendant lesquels sa pelle ne retourne que de la terre, où la fin de chaque journée de travail ne lui laisse d’autre résultat que la fatigue, l’accablement, lorsqu’il se traîne vers sa misérable hutte à la nuit tombante.

Pendant quelques mois, Paget avait trouvé en Sheldon un très-utile auxiliaire.

L’agent de change avait été le secret fondateur de deux ou trois sociétés en commandite, bien qu’aux yeux du public il n’en fût que l’un des directeurs ; et pour la formation de ces compagnies, Horatio avait été un docile instrument qu’il avait libéralement rémunéré.

Malheureusement, une occupation aussi productive que celle de promoteur ne peut pas toujours durer, ou plutôt ne peut pas toujours rester entre les mains des mêmes individus : l’esprit humain est naturellement imitatif, et les plagiats du commerce sont infiniment plus audacieux que les petits larcins de la littérature.

Le marché des sociétés en commandite devint chaque jour plus encombré.

Sheldon n’eut pas plutôt mis à flot sa Compagnie du Blanchissage non destructif, dont l’admirable organisation devait offrir toute garantie contre l’emploi du chlorure de chaux et autres agents de dévastation, qu’une puissance rivale lança une autre affaire, sous le titre de : l’union fait la force, Compagnie, du Blanchissage domestique, avec un professeur de chimie, spécialement chargé comme inspecteur de la surveillance des cuviers.

Il en résulta qu’après avoir, à son grand profit, monté trois entreprises de ce genre, Sheldon jugea qu’il était