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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Les lettres, pour lesquelles George était disposé à donner de l’argent, ne pouvaient manquer d’être d’une importance considérable, vu que l’argent était une denrée très-rare chez ce chasseur d’héritages inconscients.

De plus, une transaction qui occasionnait l’emploi d’un intermédiaire aussi coûteux que le télégraphe électrique, au lieu de faire simplement usage de la poste aux lettres, pouvait très-bien être regardée comme extrêmement intéressante.

Les lettres en question, il est vrai, avaient peut-être rapport à quelque autre affaire que celle de John Haygarth ; car il était très-admissible que l’homme à projets de Gray’s Inn eût d’autres fers au feu ; mais cette considération parut sans importance à Sheldon.

Si les lettres ou les renseignements qu’elles contenaient devaient, suivant toute probabilité, être utiles à George, elles ne pouvaient manquer de lui être utiles à lui-même.

Si George trouvait que la chose valait la peine d’employer un agent à Ullerton, pourquoi lui, Philippe, n’aurait-il pas également un agent dans la même ville ?

Le risque pécuniaire qui, pour George, pouvait être une affaire sérieuse, n’était qu’une bagatelle pour Philippe, qui avait des fonds à sa disposition, ou dans tous les cas, la facilité de disposer de beaucoup d’argent.

En général, la chasse aux héritages paraissait à l’agent de change un genre d’affaires très-vague et très-chanceux, comparé à ses spéculations ordinaires ; mais il savait que d’autres avaient gagné de l’argent de cette façon, et toute affaire qui rapportait quelque chose lui paraissait digne de son attention.

Indépendamment de cela, l’idée de couper l’herbe