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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

sous les pieds de son frère avait pour lui un certain attrait.

George l’avait offensé en plus d’une occasion depuis… eh bien ! depuis la mort de Halliday.

Sheldon lui avait gardé rancune et était résolu à se venger la première fois qu’il en trouverait l’occasion.

Il lui sembla que cette occasion était venue, et Philippe n’était pas de ces hommes qui restent frissonnants sur la grève lorsque le flot de la fortune arrive à eux.

Sheldon lança sa barque sur les eaux montantes, et, deux heures après sa découverte dans le bureau du télégraphe, il était enfermé avec Paget dans le petit boudoir de celui-ci, prenant les arrangements nécessaires pour le voyage du capitaine à Ullerton.

Que le capitaine fût l’homme qu’il lui fallait, Sheldon n’avait pas été long à s’en apercevoir.

« Il connaît Haukehurst et saura percer à jour ses machinations mieux qu’un étranger, » s’était dit l’agent de change pendant que son cab roulait rapidement vers Chelsea.

L’empressement avec lequel Paget consentit à se charger de la mission, fut très-agréable à son patron.

« C’est une affaire dont le succès dépend du plus ou moins de rapidité dans l’exécution, dit Sheldon ; par conséquent, puisque vous consentez à vous en charger, il faut que vous partiez pour Ullerton à deux heures, par le train de grande vitesse. Vous avez juste le temps de jeter dans votre sac de voyage vos rasoirs et une chemise blanche. J’ai une voiture à la porte, avec un bon cheval, qui vous conduira à la station en une demi-heure. »