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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/142

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ne les lui avait pas envoyés, et il venait dire qu’on les lui fît parvenir.

— Quels livres ? » murmura Charlotte.

Une pression de la main de Nancy l’empêcha d’en dire davantage. « Je n’ai jamais rencontré personne ayant aussi peu d’empire sur lui-même, dit Sheldon. S’il est dans l’intention d’aller et de venir ainsi dans ma maison, je mettrai complétement fin à ses visites. Je ne puis souffrir cette manière d’agir. Pour Charlotte, le calme est indispensable ; et si la présence de M. Haukehurst est une occasion de bruit et d’émotion, M. Haukehurst ne franchira plus le seuil de ma maison. »

Il parlait avec une colère contenue et avec un effort si évident pour ne pas la laisser éclater, qu’il semblait que son indignation contre Valentin n’était pas une irritation ordinaire.

Charlotte saisit ses dernières paroles.

« Cher papa, dit-elle d’une voix défaillante, je vous en prie, ne vous fâchez pas contre Valentin ; il est si inquiet à mon sujet.

— Je ne suis pas fâché contre lui… mais tant que vous êtes malade, je veux la tranquillité à tout prix.

— Alors vous n’auriez pas dû ramener Charlotte ici, s’écria Georgy d’un ton lamentable, car de toutes les misères de la vie, il n’y en a pas de plus terrible que de rentrer dans une maison qui subit un nettoyage à fond. Il avait été convenu entre Nancy et moi qu’un nettoyage général serait fait pendant notre séjour sur le bord de la mer. Nous devions rester absents quinze jours, et à notre retour nous aurions tout trouvé en ordre et propre. Mais voilà que nous revenons moins d’une semaine après notre départ et tout est sens des-