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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/143

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

sus dessous. Où allons-nous dîner, je n’en sais rien. Quant aux tapis, ils sont tous partis pour qu’on les batte, et Nancy me dit qu’on ne les rapportera pas avant vendredi.

— Nous pouvons vivre sans tapis, répondit Sheldon d’un ton dur. Je suppose qu’on s’est occupé de la chambre de Mlle Halliday ? ajouta-t-il en s’adressant à Nancy. Pourquoi n’allez-vous pas voir ce que les filles font là-haut ?

— Sarah sait ce qu’elle a à faire. Les chambres à coucher ont été faites les premières, et il ne manque rien dans celle de Mlle Charlotte. »

Sheldon se laissa tomber avec l’air fatigué sur une chaise : il était pâle et défait.

Pendant le voyage, il ne s’était pas un instant ralenti dans ses attentions pour la malade, mais le voyage avait été fatigant, car Charlotte était très-malade, si malade qu’elle était incapable de songer à épargner la peine des autres.

Les faiblesses, les vertiges, les demi-évanouissements, la démarche chancelante ressemblant plus à l’ivresse qu’à la faiblesse, les voiles sur la vue, tous les pires symptômes de son étrange maladie s’étaient manifestés d’une façon plus alarmante à chaque heure.

Mme Sheldon et Diana s’étaient prononcées contre le voyage, Mme Sheldon avec tout le sérieux dont elle était capable, Diana avec autant d’insistance qu’elle pouvait mettre dans la discussion d’une question où sa voix avait aussi peu de poids.

Mais, sur ce point, Sheldon était resté inflexible.

« Elle sera mieux à Londres, dit-il résolûment. Cette excursion au bord de la mer était une fantaisie de ma femme, et comme beaucoup d’autres des fantaisies de