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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Ce fut Nancy que Sheldon employa pour aller chercher un logement pour la famille, quand il fut décidé qu’un court séjour au bord de la mer serait ce qu’il y aurait de mieux pour la guérison de Charlotte.

« J’ai trop d’occupations pour aller moi-même à Hastings cette semaine, dit-il, mais je m’arrangerai pour pouvoir y passer une quinzaine de jours à partir de lundi prochain. Ce que j’attends de vous, Nancy, c’est de partir demain matin avec un billet d’aller et retour en seconde classe, et de nous trouver un logement. Je ne tiens pas à être à Hastings même, il y a trop de badauds en ce lieu, à cette époque de l’année. Il y a un village qu’on appelle Barrow, à un mille ou deux de Saint-Léonard, c’est un endroit un peu triste et isolé, mais champêtre et pittoresque, et c’est ce qui convient le mieux à des femmes. En ce moment, je préfère résider là plutôt qu’à Hastings. Ainsi donc vous prendrez une voiture à la station, vous vous ferez conduire directement à Barrow et vous retiendrez pour nous le meilleur logement que vous pourrez vous procurer.

— Vous pensez que le changement d’air fera du bien à Mlle Halliday ? demanda avec intérêt Nancy, après avoir promis de faire tout ce que son maître requérait d’elle.

— Si je pense que cela lui fera du bien ? Évidemment. L’air de la mer, les bains de mer la remettront rapidement ; il n’y a rien de grave dans son état.

— Non, M. Philippe ; c’est ce qui me tourmente dans tout ceci ; il n’y a rien de grave dans son état ; mais en attendant, elle change, elle dépérit, elle baisse de jour en jour, au point que le cœur saigne à la voir ainsi. »

Le visage de Sheldon s’assombrit, et il se renversa sur son fauteuil avec un mouvement d’impatience.