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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

CHAPITRE IV

VALENTIN

L’idée de cette visite au village du comté de Sussex, sur le bord de la mer, semblait une joie pour tout le monde, excepté pour Gustave qui était encore à Londres et qui trouvait dur d’être privé de la société de Diana pendant une quinzaine entière, pour l’amour de Mlle Halliday.

Pour toutes les autres personnes, il y avait espérance et joie dans ce changement de séjour.

Charlotte soupirait après une brise plus fraîche, un site plus champêtre que Bayswater ; Diana considérait la brise de la mer comme le docteur des docteurs pour son amie ; Valentin caressait le même espoir.

Le poids d’un chagrin aussi peu prévu avait pesé lourdement sur Valentin. Voir cette chère fille, qui était le commencement, le milieu, et la fin de toutes ses espérances, se flétrir lentement sous ses yeux était l’angoisse la plus dure et la plus cruelle qu’il eût jamais éprouvée.

Aucun des affligés célèbres n’a jamais enduré de torture aussi cruelle que celle qui déchirait le cœur du jeune homme, quand il observait les pas furtifs du grand destructeur se rapprochant de plus en plus de la femme qu’il aimait.

De tous les malheurs possibles, c’était le seul auquel il n’avait jamais songé.