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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

mouton, ni trop cuite ni trop peu cuite ? Puis un léger pudding, un pudding que je pourrais appeler, si je pouvais me permettre une légère plaisanterie, un petit pudding d’enfant ? »

Et le vieillard riait d’un petit rire sénile et caressait la tête de Charlotte de sa main potelée.

« Et la chambre de notre chère jeune amie est vaste et aérée ?… Bien !… Quelle exposition ?… celle du midi ? Rien de mieux, si ce n’est cependant l’exposition du sud-ouest. Mais toutes les chambres ne peuvent pas être au sud-ouest. Quelques potions toniques et un exercice modéré, pris chaque jour dans ce beau jardin, auront bientôt rétabli notre jeune amie. Notre tempérament est nerveux… nous sommes une plante sensitive… et nous avons besoin de soins. »

Sur ce, le respectable septuagénaire recevait le prix de sa visite et regagnait son équipage.

Voilà tout ce que Mme Sheldon pouvait répéter à Diana ou à Nancy, quand toutes deux l’interrogeaient avec insistance après le départ du docteur.

Pour Diana et pour Valentin il n’y avait que de l’espoir à recueillir du vague dans lequel restait le docteur en exprimant son opinion : s’il y avait quelque chose de grave dans l’état de la malade, le médecin appelé à lui donner ses soins aurait dû parler d’une manière plus sérieuse.

Ses visites se succédaient : il trouvait le pouls plus faible, la malade plus nerveuse, avec une légère tendance à l’hystérie et d’autres observations de ce genre, mais il persistait à déclarer qu’il n’y avait pas de traces d’un mal organique et il continuait à parler des malaises de Mlle Halliday d’un ton léger et tranquille qui était tout à fait rassurant.