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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

positions imaginaires de ses vieilles douairières fashionables à un manque de ton, et à prescrire des remèdes inoffensifs à la satisfaction de ses malades et à son profit personnel, ne trouva rien de mieux pour traiter Charlotte que d’attribuer son mal à un manque de ton et de lui prescrire les mêmes remèdes inoffensifs.

Quand il ne la trouva pas mieux, que dis-je ? quand il la trouva même plus mal, après plusieurs semaines de traitement, il fut étonné, et à un médicament inoffensif il substitua un autre médicament inoffensif, puis il attendit une autre semaine pour voir l’effet que produirait ce second médicament sur cette jeune opiniâtre.

Et c’était là le roseau pourri auquel se rattachait Valentin à l’heure de sa vive anxiété.

Jamais les journées ne lui avaient paru si cruelles, jamais les nuits ne lui avaient semblé si longues qu’à cette sombre période de son existence.

Il se rendait à Bayswater presque tous les jours : ce n’était plus le temps de l’étiquette et des cérémonies.

Sa bien-aimée dépérissait chaque jour et il avait le droit de surveiller ce lent et triste changement, et si la chose était possible de combattre l’ennemi et le tenir à distance.

Chaque jour il passait une ou deux heures auprès de sa bien-aimée, chaque jour il l’abordait avec le même sourire affectueux, et il la berçait des mêmes paroles d’espoir.

Il lui apportait des livres nouveaux, des fleurs ou des bagatelles qu’il pensait pouvoir distraire ses pensées de ce mal qui semblait se jouer de la science du docteur Doddleson.

Il prenait place auprès d’elle et lui parlait de l’avenir, de cet avenir que tous deux, dans le secret de leurs