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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

puissantes relations, arrivent souvent à usurper une position à laquelle elles n’ont nul droit.

Parmi les hommes réellement éminents dans la noble et admirable corporation qui constitue le corps médical, le docteur Doddleson n’avait aucun rang, mais il était le médecin favori d’une quantité de vieilles douairières affligées d’une oisiveté chronique et d’attaques périodiques de mauvaise humeur.

Pour le spleen ou pour les vapeurs pas de meilleur conseiller que, le docteur Doddleson. Il pouvait passer une demi-heure à adresser des questions que la femme de chambre de la malade aurait faites aussi bien que lui, et les remèdes qu’il conseillait, une femme de chambre intelligente les aurait facilement indiqués.

Les dames âgées croyaient en lui parce qu’il était lourd et pompeux, parce qu’il vivait dans un quartier où la vie était dispendieuse, et parce qu’il avait un bel équipage.

Il portait des bagues qui lui avaient été laissées comme souvenir par des malades qui n’avaient jamais eu l’occasion de mettre sa science à l’épreuve et qui, mourant d’épuisement, de vieillesse, ou d’indigestion, déclaraient au moment de rendre le dernier soupir, que le docteur Doddleson avait été l’ange gardien de leur fragile existence, pendant les vingt dernières années de leur vie.

Tel était l’homme que parmi les nombreux docteurs résidant à Londres, Sheldon avait choisi pour donner ses soins à sa belle-fille, dans un cas si difficile, qu’un médecin rompu par une longue pratique et doué d’une vive perspicacité était nécessaire pour entreprendre son traitement.

Le docteur Doddleson, habitué à attribuer les indis-