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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

mants destinée au doigt effilé de sa bien-aimée, était la seule folie qu’il se fût permise.

Charlotte lui avait adressé des remontrances au sujet de cette extravagance et avait exigé de lui la promesse que ces prodigalités à la Monte-Christo ne se renouvelleraient plus, mais elle n’en était pas moins fière de sa jolie bague de diamants et elle ne l’ôtait pas de son doigt pour se mettre au lit sans la presser contre ses lèvres.

« Il ne faut plus faire de pareilles folies, » dit-elle à son adorateur un jour qu’elle était dans des dispositions d’esprit à s’abandonner à l’espérance, en faisant tourner la bague autour de son doigt.

Hélas ! comme cette bague était devenue large depuis le jour où pour la première fois elle avait été passée à son doigt !

« Songez à l’avenir, Valentin, continua la jeune fille dont la main reposait dans celle de son fiancé. Pensez-vous que vous pourrez parvenir à meubler notre cottage de Wimbledon si vous vous lancez dans d’aussi folles dépenses ? Vous savez que j’ai des économies, Valentin ?… Oui, positivement. Papa m’accorde une libérale allocation pour ma toilette et j’étais assez extravagante pour tout dépenser. Mais maintenant je suis devenue la plus avare des créatures et j’ai là-haut une petite somme que vous pourrez déposer à la Banque avec le reste de votre fortune. Diana et moi nous avons ravaudé, taillé, coupé, rogné, avec une persévérance digne d’éloges. Il n’y a pas jusqu’à cette soie qui n’ait été retournée. Vous ne vous en doutiez guère quand vous admiriez tant ma robe ? »

Haukehurst contemplait sa bien-aimée avec un tendre sourire.