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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

L’alouette chantait en s’élevant dans le ciel au-dessus du clocher du village et les mouettes se jouaient dans les rayons du soleil au-dessus de l’azur de la mer. Les pêcheurs et les cultivateurs habitaient les chaumières bâties à côté les unes des autres sur le bord de la route qui contournait le flanc de la montagne.

Cette route à travers la montagne, vue par une après-midi de juillet, semblait presque à Charlotte la route du paradis.

« On dirait le chemin du ciel, Diana ! » s’écria-t-elle les yeux fixés sur les tours carrées de la vieille église saxonne.

Elle s’étonnait de voir les yeux de Diana se mouiller de larmes en l’entendant parler ainsi.

Mlle Paget essuya vivement ses yeux du revers de sa main et sourit à son amie.

« Oui, chère, ce village est très-joli, n’est-ce pas !

— Il a l’air effroyablement ennuyeux ! dit Mme Sheldon avec un frisson ; Diana, il n’y a pas une boutique. Où ferons-nous nos provisions ? Je l’avais dit à M. Sheldon, Saint-Léonard eût été bien plus convenable pour nous.

— Oh ! maman, Saint-Léonard est le type de tout ce qu’il y a d’insignifiant et de vulgaire, comparé à ce charmant village si rustique ! Tenez, regardez cette cabane de pêcheurs avec ces filets qui sèchent au soleil, c’est un vrai tableau de Hook.

— Quelle utilité d’aller se confiner au milieu des cabanes de pêcheurs, Charlotte ? demanda Mme Sheldon avec un peu d’aigreur. Les filets de pêcheurs ne nous fourniront pas notre viande de boucherie. Où irons-nous chercher nos rôtis de mouton ?… M. Doddleson attache une si grande importance aux rôtis de mouton.