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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

quoique réellement je ne pense pas que cela me fasse le moindre bien, dit Charlotte. Nancy avait coutume d’aller chercher mes potions à Bayswater. Elle s’était fait presque un devoir d’aller elle-même chez le pharmacien.

— En vérité ! s’écria Sheldon, Nancy s’inquiétait de vos médicaments ?

— Oui, papa, et beaucoup aussi à mon sujet. Si j’avais été sa fille, elle n’aurait pas pu paraître plus tourmentée. »

Le spéculateur prit bonne note de ce fait : Mme Woolper faisait l’officieuse, n’était-elle pas aussi soupçonneuse ? Les personnes de ce caractère sont gênantes.

« Je pense que quelques semaines dans un workhouse, feraient du bien à cette vieille femme, se dit-il à lui-même. Il y a des gens qui ne savent jamais quand ils sont bien. »

L’après-midi du samedi arriva en son temps, mais après un long et pénible intervalle, à ce qu’il sembla à Charlotte, pour laquelle le temps marchait lentement, tant était pénible la lassitude causée par sa maladie.

De temps en temps une émotion passagère ramenait un peu de son ancienne animation à son visage, un peu de son ancienne gaieté, mais cet éclat passait vite et la langueur maladive reparaissait très-visiblement.

Juste à l’heure à laquelle il était attendu, Haukekurst apparut, dans les plus heureuses dispositions d’esprit, chargé de nouveaux magazines, ravi du village, enchanté du jardin et de la vue de la mer, la parole animée et la tête pleine de nouvelles à raconter à sa bien-aimée.

Tel livre n’avait pas réussi, telle et telle comédie avait fait un fiasco complet. Le roman de Jones avait