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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

tention de le laisser repartir sans l’avoir interrogé.

« Je ne veux pas d’information de seconde main, je veux entendre l’opinion de cet homme de sa propre bouche, » se dit-il.

Il passa sur le devant de la maison aussitôt que le bourdonnement eut cessé et se trouva sur leur passage, quand le docteur Doddleson et Sheldon sortirent.

« Si vous ne vous y opposez pas, monsieur Sheldon, je désirerais adresser quelques questions au docteur Doddleson.

— Je ne m’y oppose nullement, répliqua le spéculateur, mais c’est une chose si contraire à toutes les habitudes, que je doute que le docteur Doddleson y consente. »

Et il adressa un regard au docteur qui semblait dire :

« Pourrez-vous vraiment satisfaire à une demande aussi contraire à tous les usages ? »

Mais le vieux Doddleson était éminemment bon.

« C’est là le fiancé de notre jeune amie, dit-il, de cette chère… chère enfant… »

Puis il tourna le regard de ses yeux d’un bleu pâle, qui clignotaient sous ses lunettes, sur Valentin, pendant que celui-ci l’observait pour prendre sa mesure, autant qu’il est possible de prendre la mesure intellectuelle et morale d’un homme en le regardant dans les yeux.

« Et c’est là l’homme qui a été choisi pour arracher ma bien-aimée aux griffes de la mort, » se dit-il la rage au cœur.

« C’est là le fiancé de notre jeune malade ? Quel couple intéressant ! » répétait le docteur de son ton doucereux.

Les trois hommes se mirent à se promener dans le