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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— Véritablement, je vous dois des excuses pour vous avoir fait venir, dit Sheldon, en conduisant le docteur vers la maison. Je n’ai consenti à ce que vous fussiez appelé que pour tranquilliser ce jeune Haukehurst, qui est fiancé à ma belle-fille, un homme en voie de se distinguer, à ce que je crois, dans la carrière qu’il suit, mais exalté et difficile à manier. Il n’y a, en réalité, aucun changement fâcheux, absolument aucun, et comme nous n’avons passé ici que trois jours, il n’y a pas possibilité de constater l’effet produit par le changement de résidence et par l’air de la mer. »

Cela ressemblait à une leçon faite au savant médecin, et il y avait parmi les rivaux professionnels du docteur Doddleson beaucoup de ses confrères qui prétendaient qu’il n’était pas lent à s’emparer du thème qui lui était fourni, n’étant influencé par aucune idée qui lui fût personnelle.

Charlotte avait été installée près de la fenêtre ouverte dans le salon, et c’est là que M. Doddleson la vit en présence de Sheldon et de Georgy, et le digne docteur, employant le jargon habituel de son art, abonda dans le sens de l’opinion qui lui avait été exprimée, avec toute la déférence due à Sheldon.

Pour Georgy, cette entrevue dans laquelle les opinions de Sheldon avaient été pompeusement reproduites par le médecin, fut encore plus réconfortante que la sainte vie du ministre dissident.

Diana et Valentin se promenaient dans le jardin, pendant que le docteur voyait sa malade.

La lourde phraséologie du docteur Doddleson leur arrivait comme le bourdonnement d’une abeille.

C’était un soulagement pour Valentin de savoir le médecin auprès de la malade, mais il n’avait pas l’in-