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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

mon bon ami M. Sheldon n’est pas complètement exact. J’ai dit que notre malade n’était pas visiblement plus mal. Je n’aurais pu dire qu’elle était mieux. Il y a une dilatation des pupilles que je n’arrive pas à s’expliquer complètement.

— Excitation mentale, dit un peu vivement Sheldon. Charlotte est nerveuse à l’excès et votre arrivée soudaine a dû nécessairement agir sur ses nerfs.

— Indubitablement, reprit le docteur, et il est de toute évidence qu’une telle dilatation des pupilles pourrait, dans de certaines circonstances, être occasionnée par une excitation mentale. Je regrette de trouver notre malade sujette à des vertiges…

— Effet d’imagination, insinua Sheldon.

— … Qui sont, sans doute, dans une certaine mesure, attribuables à des dispositions hypocondriaques de l’esprit, continua le docteur de sa voix pâteuse. J’ai le regret de reconnaître que ces vertiges ont quelque peu augmenté dans ces derniers temps. Mais il ne faut pas moins compter sur le docteur Nature. Des bains de mer chauds, si on peut les apporter dans la chambre de la malade, et de temps en temps des immersions dans la vague à la mer feront merveille. »

Valentin ne poussa pas plus loin ses questions, et le médecin partit dans la voiture louée à Saint-Léonard pour mettre à profit son excursion en allant faire visite à deux ou trois douairières, qui seraient sans doute fort heureuses de voir arriver leur docteur favori.

« Eh bien ! Haukehurst, dit Sheldon quand le véhicule se fut éloigné, j’espère que vous êtes satisfait maintenant ?…

— Satisfait ?… s’écria Valentin. Oui, satisfait de savoir que votre fille est assassinée !