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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— Assassinée ! » répéta le spéculateur d’une voix sourde et défaillante.

Valentin ne s’aperçut pas du changement.

« Oui, assassinée, sacrifiée à l’insuffisance de ce vieil idiot qui vient de nous quitter. »

Sheldon respira plus librement.

« Quoi ! s’écria-t-il, vous doutez de la science du docteur Doddleson ?

— Y croyez-vous donc, vous ? Non, je ne puis penser qu’un homme doué de votre perspicacité en toutes choses, à demi-médecin lui-même, puisse être dupe de ce sot imposteur. Et c’est au jugement d’un tel homme que l’existence de celle que j’aime a été confiée, et c’est cet homme que j’ai attendu avec confiance, espérant qu’il avait la puissance de sauver mon trésor. Grand Dieu ! à quelle branche pourrie peut-on se raccrocher !… et parmi les éminents docteurs de Londres, c’est celui que vous avez choisi !

— Je dois hautement protester contre cette extravagante sortie, Haukehurst, dit Sheldon, J’ai la responsabilité du choix que j’ai fait ; et je ne souffrirai pas que ce choix soit attaqué par vous de cette outrageante et violente façon. Votre anxiété au sujet de Charlotte peut excuser beaucoup de choses, mais elle ne peut excuser pareille chose, et si vous ne pouvez pas vous contenir mieux que cela, je serai obligé de vous prier de vous abstenir de vous présenter dans ma demeure, tant que le rétablissement de Charlotte n’aura pas mis fin au retour de pareils emportements.

— Croyez-vous à la science du docteur Doddleson ? demanda Valentin avec obstination. Je veux, à tout prix, avoir une réponse à ma question.

— Très-positivement, oui, et ma confiance est parta-