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DU SERPENT.

un Benjamin Brodie ; car, lorsqu’on fait entrer en ligne de compte qu’il peut toucher du piano et de l’orgue, jouer de la guitare et du violoncelle, sans avoir appris aucun de ces instruments ; qu’il peut composer une chanson et la mettre en musique, qu’il peut dessiner des chevaux et des chiens d’après Herring et Landseer, faire plus de calembours dans une phrase que n’importe quel écrivain burlesque existant, faire la cour à une demi-douzaine de femmes à la fois, et être cru de toutes sans se soucier plus d’aucune que d’un demi-penny ; chanter une chanson comique ou raconter une histoire drolatique ; nommer le vainqueur du Derby d’avance plus sûrement qu’aucun prophète de ce côté de l’eau ; faire son livre de compte d’une main, tandis qu’il écrit une ordonnance de l’autre ; le lecteur judicieux avouera qu’il y avait une grande quantité de talents de toutes sortes dans la nature de M. Auguste Darley.

À la brune de cette soirée d’automne particulière, il est fortement occupé à ranger un tas de petits paquets étiquetés sels supérieurs d’Epsom, tandis que son aide, un très-frêle jeune homme, en apparence beaucoup moins âgé que son maître, allume le gaz. La porte à moitié vitrée qui communique avec le petit parloir de derrière, est entrebâillée et Gus est en train de causer avec quelqu’un dans l’intérieur.

« Si, je passe l’eau ce soir, Bell, » dit-il.