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LA TRACE

Une voix féminine partant de l’intérieur, l’interrompt.

« Mais vous ne devez pas sortir ce soir, Gus ; la dernière fois que vous êtes allé chez cet horrible boxeur, le petit garçon de mistress Tomkins a été malade, et on a envoyé chercher M. Parker dans London Road. Et vous êtes si aimé de tout le monde, chéri, que l’on dit que si vous restiez toujours chez vous, vous auriez la meilleure clientèle du quartier.

— Mais, Bell, comment un individu pourrait-il se condamner à rester au logis tous les soirs pour vendre, la moitié du temps, deux sous de sels ou un emplâtre à un pauvre diable ? S’ils voulaient être malades, ajouta-t-il presque sauvagement, je ne m’ennuierais pas en ne bougeant pas, il y aurait quelque intérêt à rester s’ils venaient seulement pour se faire arracher les dents, mais ils ne veulent pas, et je suis sûr que si je leur vendais notre infaillible teinture contre le mal de dents, et que si elle ne les en débarrassait pas, c’est que rien n’y ferait.

— Venez prendre votre thé, Gus, et dites à Snix d’apporter sa tasse. »

Snix était l’élève qui, sur-le-champ, retira d’une étagère sous le comptoir la tasse dans laquelle buvait un homme pris de boisson lorsqu’il était conduit dans la pharmacie, Gus avait coutume de le saigner, dans le double but de s’exercer dans son art et de calmer le patient.