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LA TRACE

son compte. Je pris dans mes bras la petite créature toute mouillée. Le jeune homme l’avait enveloppée dans une vieille cotte, elle criait piteusement et avait un air, oh ! un air si misérable et si meurtri ! Eh bien ! cela peut sembler une ridicule plaisanterie ; mais j’ai le cœur facilement attendri au sujet des petits enfants, et j’avais eu souvent la pensée que j’aimerais à essayer la puissance de l’éducation dans la direction de mon métier, et à élever un enfant, dès le berceau, pour la position d’agent de police, pour voir si je ne pourrais pas en faire un ornement pour la police active. Je n’étais pas marié, et n’étais nullement destiné probablement à avoir une famille par moi-même ; aussi, quand je pris ce baby-là dans mes bras, il me vint dans la tête, je ne sais comment, de l’adopter et de l’emporter. Sur cela, je l’enveloppai dans mon manteau, et le pris avec moi pour aller à Gardenford.

« C’est un étonnant garçon que celui-là, dit Richard, nous l’élèverons, Peters, et nous en ferons un gentleman.

— Un instant ! dirent les doigts avec beaucoup de vivacité. Je vous remercie de votre bonté, monsieur, mais si la police de ce pays était privée de ce garçon-là, elle serait volée d’un bijou qu’elle ne consentirait pas à perdre.

— Poursuivez, Peters, racontez-nous le reste de votre histoire.